
Les nominateurs désignent les utilisateurs des réseaux blockchain qui interviennent dans les mécanismes de consensus et la sécurité du réseau en déléguant leurs cryptomonnaies à des validateurs. Plutôt que de valider ou de produire eux-mêmes des blocs, ils participent indirectement à la gouvernance du réseau en choisissant des validateurs jugés fiables et reçoivent des récompenses de staking, calculées sur la performance des validateurs sélectionnés. Dans les réseaux fondés sur un mécanisme de Nominated Proof of Stake (NPoS) comme Polkadot, les nominateurs jouent un rôle central pour favoriser la décentralisation et la sécurité.
Le rôle de nominateur est apparu avec l’évolution des systèmes traditionnels de Proof of Stake (PoS). Dans les premiers systèmes PoS, la participation au consensus exigeait que les utilisateurs exploitent leurs propres nœuds validateurs, créant ainsi des barrières techniques et financières élevées pour le grand public. L’avènement de variantes comme le Nominated Proof of Stake (NPoS) a permis d’ouvrir la participation et de définir clairement le rôle de nominateur.
Le mécanisme a été perfectionné au sein de la conception du réseau Polkadot. Lors de la conception de Polkadot en 2016, le Dr Gavin Wood et son équipe ont intégré dès l’origine les nominateurs au cœur du consensus. Ce dispositif offre aux détenteurs de jetons la possibilité de sécuriser le réseau et de percevoir des récompenses en nommant des validateurs professionnels, sans devoir eux-mêmes exploiter de nœuds complets, ce qui abaisse significativement la barrière d’accès.
Grâce à son adoption réussie sur des réseaux comme Polkadot et Kusama, le mécanisme de nominateur s’est généralisé à de nombreux projets blockchain émergents, devenant une composante standard des systèmes PoS actuels.
Dans les réseaux blockchain, les nominateurs suivent un processus structuré :
Staking : Les nominateurs doivent d’abord verrouiller (staker) une quantité définie de jetons natifs du réseau. Sur Polkadot, il s’agit notamment de DOT, sur Kusama de KSM. Le montant staké détermine généralement le poids de vote du nominateur.
Sélection des validateurs : Les nominateurs choisissent un ou plusieurs validateurs de confiance, en s’appuyant généralement sur leur historique de performances, leur taux de commission, la fiabilité des nœuds ou d’autres critères.
Répartition des récompenses : Lorsque les validateurs nommés produisent des blocs ou participent efficacement au consensus, le système distribue des récompenses. Celles-ci sont réparties entre validateurs et nominateurs selon des règles prédéfinies. Les validateurs prélèvent généralement une commission de validation pour la gestion des nœuds.
Slashing : En cas de mauvaise performance ou de comportement malveillant des validateurs (double signature, déconnexion…), non seulement les validateurs sont sanctionnés (slashing), mais les actifs stakés par les nominateurs peuvent aussi être impactés. Ce dispositif incite à choisir des validateurs fiables.
Déblocage (unbonding) : Pour récupérer leurs jetons stakés, les nominateurs doivent soumettre une demande de déblocage. Cette procédure implique une période de blocage (par exemple, 28 jours sur Polkadot) durant laquelle les jetons ne peuvent ni être transférés ni générer de récompenses.
Avec l’évolution de la technologie blockchain et des modèles de gouvernance, le rôle de nominateur s’adapte et se diversifie :
Les solutions de liquid staking permettent aux nominateurs d’obtenir des jetons représentatifs échangeables tout en maintenant leur participation au staking, apportant une meilleure liquidité et une plus grande souplesse dans la gestion des actifs.
Les plateformes de smart contracts développent des mécanismes de nomination avancés, ouvrant la voie à des stratégies automatisées et une gestion des risques plus fine, comme l’ajustement dynamique en fonction des performances passées des validateurs.
Des protocoles de nomination cross-chain sont en développement, avec à terme la possibilité de nominer des validateurs sur d’autres chaînes à partir d’actifs détenus sur une chaîne différente, renforçant ainsi l’interopérabilité des écosystèmes blockchain.
L’intégration de systèmes d’identité décentralisée et de réputation permettra aux nominateurs de prendre des décisions plus éclairées, fondées sur des historiques de performance de validateurs transparents et vérifiables.
Avec l’essor des solutions Layer 2 et du sharding, les mécanismes de nomination devront évoluer pour s’adapter à des architectures multi-couches, offrant des options ciblées pour des shards ou couches spécifiques.
Ces évolutions laissent penser que les nominateurs occuperont une place de plus en plus stratégique et diversifiée dans les futurs écosystèmes blockchain.
En facilitant l’accès au consensus et à la gouvernance pour un public élargi, les nominateurs abaissent la barrière de participation et contribuent à répartir le pouvoir de mise en jeu, limitant ainsi la concentration d’influence tout en offrant aux détenteurs de jetons des opportunités de revenus passifs. À mesure que la blockchain se démocratise, le mécanisme de nominateur devrait s’imposer comme standard de gestion d’actifs et de gouvernance dans l’économie numérique, ouvrant la participation à la blockchain à un public toujours plus large.


