Le prince Alwaleed : comment ce milliardaire saoudien réécrit les règles de l'investissement multi-sectoriel

Le prince Alwaleed Bin Talal Al Saud vient de faire son grand retour dans le classement Forbes 2025 avec 16,5 milliards USD – et c’est loin d’être une simple question de chiffres. Ce qui fascine vraiment, c’est sa stratégie d’investissement : ultra-diversifiée, high-risk high-reward, et sans limites sectorielles.

Qui est vraiment ce milliardaire ?

Né en 1955, petit-fils du roi fondateur Abdulaziz Al Saud, Alwaleed n’est pas un héritier passif qui laisse l’argent dormir. Il a disparu du radar de Forbes entre 2018 et 2024 (l’agence avait cessé de recenser les ultra-riches saoudiens), mais son retour cette année le place en tête des 15 milliardaires saoudiens du classement, à la 128e position mondiale.

La source de sa fortune ? Principalement Kingdom Holding Company – le groupe qu’il a fondé il y a 45 ans et où il contrôle encore 78,13 % des parts (valorisées à 6,4 milliards USD). Le groupe gère un portefeuille colossal de 19 milliards USD réparti sur 18 secteurs différents.

Le génie tactique derrière la fortune

Là où ça devient intéressant, c’est la répartition stratégique :

Le secteur hôtelier domine (31% du portefeuille). Kingdom Holding détient 23,7% de Four Seasons – fruits d’un partenariat longue durée avec Bill Gates – et 6,8% d’Accor, le géant français qui contrôle Fairmont, Raffles et Sofitel.

L’immobilier pèse lourd (25,9%). Deux projects emblématiques : le Kingdom Centre à Riyad et la Jeddah Tower (1 000+ mètres) qui sera la plus haute tour du monde. Budget combiné : 1,9 milliard USD.

La tech est son nouveau terrain de jeu. Kingdom Holding est le deuxième actionnaire de X (ex-Twitter) et mise gros sur xAI d’Elon Musk. L’investissement dans xAI a atteint 800 millions USD après les tours B et C. Alwaleed prédit que cette seule position pourrait valoir entre 4 et 5 milliards USD à moyen terme – sachant que la nouvelle fusion X-xAI valorise la compagnie à 125 milliards USD.

L’aviation décolle : Kingdom Holding contrôle 37,2% de Flynas (61 avions en flotte). L’IPO sur Tadawul est prévue cette année avec un objectif de 2 milliards USD de levée de fonds.

La santé et l’éducation émergent : 89,8% du Système Scolaire Kingdom (croissance d’élèves +14% l’année dernière) et 4,9% de Dallah Health montrent qu’Alwaleed pense long terme, au-delà des bulles spéculatives.

Le leçon pour les investisseurs

Contrairement aux investisseurs panique-vente, Alwaleed construit des empires. Son pari initial sur Citigroup en 1991 (800 millions USD) a explosé à 10 milliards USD en 2005. Même s’il a réduit sa part à 1,06% aujourd’hui, la stratégie reste la même : entrer tôt, tenir long terme, et tailler dans les gains quand la valorisation explose.

La vraie question n’est pas “Alwaleed va-t-il dans la crypto ?”, mais plutôt : pourquoi un homme de cette trempe se contenterait-il d’une seule classe d’actifs ? Son track record suggère que s’il voit du potentiel dans Web3, on le saura par les chiffres, pas les communiqués.

Pour l’instant, il regarde Musk construire l’IA, les hôtels générer du cash, et l’immobilier saoudien s’envoler. Tout fonctionne.

À surveiller : l’IPO de Flynas (2025), l’évolution de la fusion X-xAI, et surtout – si le PIF saoudien augmente sa position dans Kingdom Holding, ça changerait tout le jeu géopolitique du capital-investissement moyen-oriental.