Pourquoi devrions-nous maintenant nous concentrer sur les actions du secteur de la défense ?
Au cours des dernières années, les conflits régionaux ont fréquemment intensifié, allant de la guerre russo-ukrainienne à la situation au Moyen-Orient, puis à la tension dans le détroit de Taiwan. La nature de la guerre a complètement changé. Contrairement aux modes d’opération traditionnels basés sur la mobilisation massive de ressources humaines, la guerre contemporaine dépend davantage de la technologie — drones, missiles de précision, guerre de l’information et cyberdéfense deviennent des clés pour la victoire. Cette transition a engendré une demande énorme dans l’industrie de la défense.
Les gouvernements du monde entier ont également pris conscience de cette tendance. La Chine, Taïwan, les États-Unis et d’autres grandes nations augmentent continuellement leur budget de défense, cette croissance étant devenue une norme à long terme. Dans un contexte de baisse de la natalité, les pays préfèrent investir dans le développement de systèmes d’armes high-tech plutôt que de dépendre d’un déploiement massif de main-d’œuvre. C’est pourquoi, l’industrie de la défense connaît une période de croissance sans précédent.
Actions du secteur de la défense et actions d’armement : les indispensables avant d’investir
Qu’est-ce qu’une action du secteur de la défense ?
Au sens large, les actions d’armement regroupent toutes les entreprises ayant des relations commerciales avec le ministère de la Défense, qu’il s’agisse de systèmes de missiles, ou de petits équipements comme gourdes et uniformes militaires. Tant que le client est une entité gouvernementale de défense ou un sous-traitant associé, l’entreprise peut être classée dans les actions du secteur de la défense.
Cette définition large comporte un piège d’investissement crucial : toutes les entreprises portant le label « actions de la défense » ne méritent pas forcément d’être investies.
Les trois critères fondamentaux pour choisir ses actions
Premier : la part du chiffre d’affaires provenant de la défense doit être suffisamment élevée
Beaucoup d’entreprises sont étiquetées comme actions de la défense, mais leur revenu provenant des activités militaires représente moins de 30 %, le reste étant issu du secteur civil. La performance boursière de ces sociétés est souvent tirée par le marché civil, et la croissance des commandes militaires ne suffit pas à faire augmenter leur profit global. Investir dans ces entreprises revient à parier sur l’avenir du secteur civil, et non sur la croissance réelle de la défense.
Deuxième : l’entreprise doit répondre aux besoins futurs en matière de transition
La direction de la guerre à venir est déjà claire — la technologie surpassera largement la main-d’œuvre. La supériorité aérienne et navale dominera la stratégie, tandis que les commandes pour l’armée de terre pourraient être limitées. Par conséquent, les entreprises axées sur les drones, les systèmes de guidage de missiles et les communications ont un meilleur potentiel, tandis que les fournisseurs d’équipements terrestres traditionnels doivent faire preuve de prudence.
Troisième : surveiller l’évolution des activités non militaires de l’entreprise
Les leçons tirées de Boeing et Raytheon montrent que la croissance stable des commandes militaires ne garantit pas une hausse du cours. La crise du marché civil aéronautique, les litiges liés à des défauts de produits, la perte de réputation — tous ces facteurs peuvent compenser les bénéfices issus des activités de défense.
Analyse approfondie des actions américaines de l’armement
Lockheed Martin (LMT) : le pur bleu de la défense
Lockheed Martin est l’un des plus grands contractants de la défense au monde. Son activité principale comprend les avions de combat, les systèmes de missiles, la technologie satellitaire, etc., avec une part très élevée de revenus issus de la défense.
Sur le long terme, le cours de Lockheed Martin montre une tendance clairement haussière, avec des corrections principalement dues à des ajustements du marché global plutôt qu’à une détérioration des fondamentaux. La société est rentable, avec un flux de trésorerie abondant, représentant un exemple pur d’action de la défense. Pour les investisseurs recherchant une croissance stable, c’est une valeur à suivre de près.
Northrop Grumman (NOC) : leader en technologie de défense
Northrop Grumman est le quatrième plus grand fabricant d’armement mondial, et le plus grand fabricant de radars. La société possède une caractéristique très pure dans la défense, avec des résultats financiers solides et une trajectoire de croissance à long terme qui confirme sa valeur d’investissement.
Ce qui est remarquable, c’est que la société a augmenté ses dividendes pendant 18 années consécutives, un exemple dans le secteur. Elle accélère également son programme de rachat d’actions à hauteur de 5 milliards de dollars, redistribuant ainsi des profits aux actionnaires. Dans un contexte de demande stratégique mondiale croissante, de compétition intense dans la technologie spatiale et des missiles, Northrop Grumman possède une solide barrière technologique, avec un potentiel d’investissement à long terme évident.
General Dynamics (GD) : une machine à cash stable
General Dynamics est l’un des cinq principaux fournisseurs d’armement aux États-Unis, intervenant dans tous les domaines — aérien, terrestre, naval. Sa particularité est que ses revenus issus du secteur civil (notamment avec ses jets Gulfstream) représentent environ un quart, ce qui constitue un avantage : ses clients civils haut de gamme ne sont pas affectés par la conjoncture, assurant une stabilité des revenus.
Après la crise financière de 2008 et la pandémie de 2020, la rentabilité de General Dynamics n’a pas connu de fluctuations notables, prouvant sa résistance aux cycles économiques. La société verse des dividendes en augmentation depuis 32 ans, un record aux États-Unis, avec une gestion rigoureuse des coûts pour maintenir ses marges. Elle utilise également ses excédents de trésorerie pour racheter ses actions, protégeant ainsi les intérêts des actionnaires. Bien que sa croissance soit limitée, sa barrière à l’entrée et sa stabilité en font une option idéale pour un investissement défensif.
Raytheon (RTX) : risques et opportunités
Raytheon est un géant mondial de la défense, avec une croissance régulière de ses commandes militaires. Cependant, son cours en 2023 a été très faible, en dépit de la reprise mondiale, en raison de ses difficultés dans le secteur civil aéronautique.
Plus précisément, Raytheon fournit des pièces pour les moteurs des avions A320neo d’Airbus, utilisant un métal en poudre rare qui présente un risque de rupture sous haute pression. Avec la demande croissante pour de nouveaux appareils pour répondre au boom touristique, environ 350 A320neo devront être inspectés chaque année dans les 3 à 4 prochaines années, avec des cycles de maintenance pouvant durer jusqu’à 300 jours. Ce problème a lourdement impacté ses revenus, tout en exposant la société à des litiges avec Airbus et à la perte potentielle de clients. Jusqu’à ce que la crise civile soit résolue, le cours de Raytheon reste incertain, et la patience des investisseurs est de mise.
Boeing (BA) : la crise civile domine le cours
Boeing opère à la fois dans le civil et la défense, mais la chute de son cours est entièrement due à la crise dans le secteur civil. En 2018-2019, la série 737 MAX a connu des accidents successifs, entraînant son interdiction mondiale, puis la pandémie a aggravé la situation, avec une forte baisse des profits. La menace d’un nouveau concurrent chinois, soutenu par le gouvernement chinois dans le contexte de tensions commerciales sino-américaines, a également changé la donne. La montée en puissance des fabricants locaux chinois, autrefois freinée par les sanctions, commence à prendre une part du marché autrefois détenue par Boeing.
Du point de vue de la défense, les revenus militaires de Boeing (B52, Apache, etc.) devraient rester stables. Mais la crise du secteur civil et le risque de déclin structurel font de Boeing une valeur à « acheter en bas » plutôt qu’à suivre la tendance haussière.
Caterpillar (CAT) : une action industrielle sous l’aura de la défense
Caterpillar, souvent associée à la défense, ne voit pas ses revenus militaires dépasser 30 %, son cœur de métier restant les équipements d’ingénierie industrielle. Même en cas de guerre ou de catastrophe, la demande en équipements de reconstruction post-conflit peut soutenir ses résultats.
Strictement parlant, Caterpillar n’est pas une pure action de la défense, mais une entreprise dont la perspective dépend principalement des investissements mondiaux en infrastructures et de la demande en matières premières. Beaucoup d’entreprises à la frontière floue entrent dans cette catégorie, comme FedEx, qui a déjà géré la logistique de zones de guerre, ou certains fabricants de tasses en acier et de bottes en cuir liés à la défense.
Actions de la défense à Taïwan : bénéficiaires des avantages géopolitiques
La situation dans le détroit de Taiwan est devenue un enjeu géopolitique mondial, avec une augmentation des budgets de défense des deux côtés. Les entreprises militaires taïwanaises en profitent.
Thunder Tiger (8033.TW) : du jouet à la star de la défense
Le parcours de Thunder Tiger est emblématique. La société, initialement spécialisée dans la fabrication de modèles télécommandés, servait principalement le marché des jouets. Avec l’essor des drones, elle s’est transformée avec succès dans le secteur de la défense, et en 2022, son cours a connu une forte hausse. Avec la demande militaire croissante à Taiwan et dans le monde, le potentiel de croissance de Thunder Tiger est prometteur.
Hanxiang (2634.TW) : diversification pour résister aux risques
Hanxiang est une autre entreprise taïwanaise de défense à suivre de près. Elle opère dans deux secteurs : militaire et civil. La division civile, spécialisée dans la maintenance et la vente de pièces d’aéronefs, bénéficie d’une forte fidélité ; la division militaire se concentre sur les avions d’entraînement. La croissance du marché des drones et la reprise du tourisme après la pandémie soutiennent également ses commandes.
Contrairement à Boeing et Raytheon, qui ont connu des difficultés à cause de produits ou de marques uniques, la diversification de Hanxiang offre une meilleure résilience face aux risques. La demande en maintenance et réparation étant liée à la santé du secteur, une conjoncture favorable se traduit par une croissance des résultats. La stabilité relative du cours de Hanxiang en fait une option plus défensive, avec une meilleure capacité à résister aux cycles.
Pourquoi investir à long terme dans les actions de la défense ?
En empruntant la logique d’investissement du maître Warren Buffett, une bonne entreprise doit répondre à trois critères : une trajectoire durable, une barrière concurrentielle solide, et une croissance continue. Les actions de la défense répondent parfaitement à ces trois conditions.
Une trajectoire ultra-longue : une demande éternelle
Depuis l’aube de la civilisation, beaucoup de pratiques ont disparu, mais les conflits n’ont jamais cessé. La nécessité de défense des nations est infinie, ce qui confère à l’industrie de la défense une durée de vie extrêmement longue. Cette demande éternelle assure aux entreprises une base de revenus stable.
Une barrière concurrentielle profonde : technologie de pointe et barrières politiques
Les technologies de défense sont à la pointe de la recherche scientifique. Les innovations apparaissent souvent d’abord dans les laboratoires militaires, puis dans le secteur civil avec plusieurs années de retard. La sécurité nationale étant une priorité, l’accès à cette industrie est extrêmement difficile. La confiance se construit sur des années, voire des décennies, avec de nombreux brevets et accords de partage avec l’État, rendant presque impossible la substitution par une entreprise étrangère déjà établie.
Une « boule de neige » humide : la géopolitique comme catalyseur de croissance
Le monde entre dans une ère de régionalisation politique. La politique de relocalisation industrielle américaine, la montée des tensions internationales, et la course à la modernisation militaire alimentent la croissance des entreprises de défense. La probabilité d’événements négatifs comme le désarmement est très faible, et leur potentiel de croissance est élevé.
Conseils ultimes pour investir dans la défense
Le marché de la défense a un potentiel favorable, mais la réussite dépend de choisir la bonne entreprise. Avant d’investir dans une action du secteur, il est essentiel de clarifier ces points :
Évaluer la part du chiffre d’affaires militaire — La majorité des revenus doit provenir des activités de défense, sinon la dégradation du secteur civil peut annihiler les bénéfices militaires.
Surveiller l’évolution du secteur civil — Les leçons de Boeing et Raytheon montrent que même si les commandes militaires croissent, une crise dans le civil peut détruire la valeur. Il est crucial de suivre régulièrement la part non militaire dans le chiffre d’affaires.
Reconnaître la barrière concurrentielle — Favoriser les entreprises disposant de technologies uniques, d’une confiance durable du gouvernement, et d’avantages difficiles à reproduire.
Adopter une vision à long terme — Les clients principaux étant les gouvernements, la stabilité des relations est très forte, et le risque de faillite est très faible. La défense est donc une classe d’actifs idéale pour un investissement à long terme.
En prenant en compte la santé financière de l’entreprise, l’évolution du secteur, la géopolitique mondiale et la dynamique du marché civil, il est possible de faire des choix éclairés pour saisir cette opportunité d’investissement générationnelle dans la défense.
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Guide d'investissement dans les actions d'armement : opportunités de profit dans le contexte géopolitique mondial
Pourquoi devrions-nous maintenant nous concentrer sur les actions du secteur de la défense ?
Au cours des dernières années, les conflits régionaux ont fréquemment intensifié, allant de la guerre russo-ukrainienne à la situation au Moyen-Orient, puis à la tension dans le détroit de Taiwan. La nature de la guerre a complètement changé. Contrairement aux modes d’opération traditionnels basés sur la mobilisation massive de ressources humaines, la guerre contemporaine dépend davantage de la technologie — drones, missiles de précision, guerre de l’information et cyberdéfense deviennent des clés pour la victoire. Cette transition a engendré une demande énorme dans l’industrie de la défense.
Les gouvernements du monde entier ont également pris conscience de cette tendance. La Chine, Taïwan, les États-Unis et d’autres grandes nations augmentent continuellement leur budget de défense, cette croissance étant devenue une norme à long terme. Dans un contexte de baisse de la natalité, les pays préfèrent investir dans le développement de systèmes d’armes high-tech plutôt que de dépendre d’un déploiement massif de main-d’œuvre. C’est pourquoi, l’industrie de la défense connaît une période de croissance sans précédent.
Actions du secteur de la défense et actions d’armement : les indispensables avant d’investir
Qu’est-ce qu’une action du secteur de la défense ?
Au sens large, les actions d’armement regroupent toutes les entreprises ayant des relations commerciales avec le ministère de la Défense, qu’il s’agisse de systèmes de missiles, ou de petits équipements comme gourdes et uniformes militaires. Tant que le client est une entité gouvernementale de défense ou un sous-traitant associé, l’entreprise peut être classée dans les actions du secteur de la défense.
Cette définition large comporte un piège d’investissement crucial : toutes les entreprises portant le label « actions de la défense » ne méritent pas forcément d’être investies.
Les trois critères fondamentaux pour choisir ses actions
Premier : la part du chiffre d’affaires provenant de la défense doit être suffisamment élevée
Beaucoup d’entreprises sont étiquetées comme actions de la défense, mais leur revenu provenant des activités militaires représente moins de 30 %, le reste étant issu du secteur civil. La performance boursière de ces sociétés est souvent tirée par le marché civil, et la croissance des commandes militaires ne suffit pas à faire augmenter leur profit global. Investir dans ces entreprises revient à parier sur l’avenir du secteur civil, et non sur la croissance réelle de la défense.
Deuxième : l’entreprise doit répondre aux besoins futurs en matière de transition
La direction de la guerre à venir est déjà claire — la technologie surpassera largement la main-d’œuvre. La supériorité aérienne et navale dominera la stratégie, tandis que les commandes pour l’armée de terre pourraient être limitées. Par conséquent, les entreprises axées sur les drones, les systèmes de guidage de missiles et les communications ont un meilleur potentiel, tandis que les fournisseurs d’équipements terrestres traditionnels doivent faire preuve de prudence.
Troisième : surveiller l’évolution des activités non militaires de l’entreprise
Les leçons tirées de Boeing et Raytheon montrent que la croissance stable des commandes militaires ne garantit pas une hausse du cours. La crise du marché civil aéronautique, les litiges liés à des défauts de produits, la perte de réputation — tous ces facteurs peuvent compenser les bénéfices issus des activités de défense.
Analyse approfondie des actions américaines de l’armement
Lockheed Martin (LMT) : le pur bleu de la défense
Lockheed Martin est l’un des plus grands contractants de la défense au monde. Son activité principale comprend les avions de combat, les systèmes de missiles, la technologie satellitaire, etc., avec une part très élevée de revenus issus de la défense.
Sur le long terme, le cours de Lockheed Martin montre une tendance clairement haussière, avec des corrections principalement dues à des ajustements du marché global plutôt qu’à une détérioration des fondamentaux. La société est rentable, avec un flux de trésorerie abondant, représentant un exemple pur d’action de la défense. Pour les investisseurs recherchant une croissance stable, c’est une valeur à suivre de près.
Northrop Grumman (NOC) : leader en technologie de défense
Northrop Grumman est le quatrième plus grand fabricant d’armement mondial, et le plus grand fabricant de radars. La société possède une caractéristique très pure dans la défense, avec des résultats financiers solides et une trajectoire de croissance à long terme qui confirme sa valeur d’investissement.
Ce qui est remarquable, c’est que la société a augmenté ses dividendes pendant 18 années consécutives, un exemple dans le secteur. Elle accélère également son programme de rachat d’actions à hauteur de 5 milliards de dollars, redistribuant ainsi des profits aux actionnaires. Dans un contexte de demande stratégique mondiale croissante, de compétition intense dans la technologie spatiale et des missiles, Northrop Grumman possède une solide barrière technologique, avec un potentiel d’investissement à long terme évident.
General Dynamics (GD) : une machine à cash stable
General Dynamics est l’un des cinq principaux fournisseurs d’armement aux États-Unis, intervenant dans tous les domaines — aérien, terrestre, naval. Sa particularité est que ses revenus issus du secteur civil (notamment avec ses jets Gulfstream) représentent environ un quart, ce qui constitue un avantage : ses clients civils haut de gamme ne sont pas affectés par la conjoncture, assurant une stabilité des revenus.
Après la crise financière de 2008 et la pandémie de 2020, la rentabilité de General Dynamics n’a pas connu de fluctuations notables, prouvant sa résistance aux cycles économiques. La société verse des dividendes en augmentation depuis 32 ans, un record aux États-Unis, avec une gestion rigoureuse des coûts pour maintenir ses marges. Elle utilise également ses excédents de trésorerie pour racheter ses actions, protégeant ainsi les intérêts des actionnaires. Bien que sa croissance soit limitée, sa barrière à l’entrée et sa stabilité en font une option idéale pour un investissement défensif.
Raytheon (RTX) : risques et opportunités
Raytheon est un géant mondial de la défense, avec une croissance régulière de ses commandes militaires. Cependant, son cours en 2023 a été très faible, en dépit de la reprise mondiale, en raison de ses difficultés dans le secteur civil aéronautique.
Plus précisément, Raytheon fournit des pièces pour les moteurs des avions A320neo d’Airbus, utilisant un métal en poudre rare qui présente un risque de rupture sous haute pression. Avec la demande croissante pour de nouveaux appareils pour répondre au boom touristique, environ 350 A320neo devront être inspectés chaque année dans les 3 à 4 prochaines années, avec des cycles de maintenance pouvant durer jusqu’à 300 jours. Ce problème a lourdement impacté ses revenus, tout en exposant la société à des litiges avec Airbus et à la perte potentielle de clients. Jusqu’à ce que la crise civile soit résolue, le cours de Raytheon reste incertain, et la patience des investisseurs est de mise.
Boeing (BA) : la crise civile domine le cours
Boeing opère à la fois dans le civil et la défense, mais la chute de son cours est entièrement due à la crise dans le secteur civil. En 2018-2019, la série 737 MAX a connu des accidents successifs, entraînant son interdiction mondiale, puis la pandémie a aggravé la situation, avec une forte baisse des profits. La menace d’un nouveau concurrent chinois, soutenu par le gouvernement chinois dans le contexte de tensions commerciales sino-américaines, a également changé la donne. La montée en puissance des fabricants locaux chinois, autrefois freinée par les sanctions, commence à prendre une part du marché autrefois détenue par Boeing.
Du point de vue de la défense, les revenus militaires de Boeing (B52, Apache, etc.) devraient rester stables. Mais la crise du secteur civil et le risque de déclin structurel font de Boeing une valeur à « acheter en bas » plutôt qu’à suivre la tendance haussière.
Caterpillar (CAT) : une action industrielle sous l’aura de la défense
Caterpillar, souvent associée à la défense, ne voit pas ses revenus militaires dépasser 30 %, son cœur de métier restant les équipements d’ingénierie industrielle. Même en cas de guerre ou de catastrophe, la demande en équipements de reconstruction post-conflit peut soutenir ses résultats.
Strictement parlant, Caterpillar n’est pas une pure action de la défense, mais une entreprise dont la perspective dépend principalement des investissements mondiaux en infrastructures et de la demande en matières premières. Beaucoup d’entreprises à la frontière floue entrent dans cette catégorie, comme FedEx, qui a déjà géré la logistique de zones de guerre, ou certains fabricants de tasses en acier et de bottes en cuir liés à la défense.
Actions de la défense à Taïwan : bénéficiaires des avantages géopolitiques
La situation dans le détroit de Taiwan est devenue un enjeu géopolitique mondial, avec une augmentation des budgets de défense des deux côtés. Les entreprises militaires taïwanaises en profitent.
Thunder Tiger (8033.TW) : du jouet à la star de la défense
Le parcours de Thunder Tiger est emblématique. La société, initialement spécialisée dans la fabrication de modèles télécommandés, servait principalement le marché des jouets. Avec l’essor des drones, elle s’est transformée avec succès dans le secteur de la défense, et en 2022, son cours a connu une forte hausse. Avec la demande militaire croissante à Taiwan et dans le monde, le potentiel de croissance de Thunder Tiger est prometteur.
Hanxiang (2634.TW) : diversification pour résister aux risques
Hanxiang est une autre entreprise taïwanaise de défense à suivre de près. Elle opère dans deux secteurs : militaire et civil. La division civile, spécialisée dans la maintenance et la vente de pièces d’aéronefs, bénéficie d’une forte fidélité ; la division militaire se concentre sur les avions d’entraînement. La croissance du marché des drones et la reprise du tourisme après la pandémie soutiennent également ses commandes.
Contrairement à Boeing et Raytheon, qui ont connu des difficultés à cause de produits ou de marques uniques, la diversification de Hanxiang offre une meilleure résilience face aux risques. La demande en maintenance et réparation étant liée à la santé du secteur, une conjoncture favorable se traduit par une croissance des résultats. La stabilité relative du cours de Hanxiang en fait une option plus défensive, avec une meilleure capacité à résister aux cycles.
Pourquoi investir à long terme dans les actions de la défense ?
En empruntant la logique d’investissement du maître Warren Buffett, une bonne entreprise doit répondre à trois critères : une trajectoire durable, une barrière concurrentielle solide, et une croissance continue. Les actions de la défense répondent parfaitement à ces trois conditions.
Une trajectoire ultra-longue : une demande éternelle
Depuis l’aube de la civilisation, beaucoup de pratiques ont disparu, mais les conflits n’ont jamais cessé. La nécessité de défense des nations est infinie, ce qui confère à l’industrie de la défense une durée de vie extrêmement longue. Cette demande éternelle assure aux entreprises une base de revenus stable.
Une barrière concurrentielle profonde : technologie de pointe et barrières politiques
Les technologies de défense sont à la pointe de la recherche scientifique. Les innovations apparaissent souvent d’abord dans les laboratoires militaires, puis dans le secteur civil avec plusieurs années de retard. La sécurité nationale étant une priorité, l’accès à cette industrie est extrêmement difficile. La confiance se construit sur des années, voire des décennies, avec de nombreux brevets et accords de partage avec l’État, rendant presque impossible la substitution par une entreprise étrangère déjà établie.
Une « boule de neige » humide : la géopolitique comme catalyseur de croissance
Le monde entre dans une ère de régionalisation politique. La politique de relocalisation industrielle américaine, la montée des tensions internationales, et la course à la modernisation militaire alimentent la croissance des entreprises de défense. La probabilité d’événements négatifs comme le désarmement est très faible, et leur potentiel de croissance est élevé.
Conseils ultimes pour investir dans la défense
Le marché de la défense a un potentiel favorable, mais la réussite dépend de choisir la bonne entreprise. Avant d’investir dans une action du secteur, il est essentiel de clarifier ces points :
Évaluer la part du chiffre d’affaires militaire — La majorité des revenus doit provenir des activités de défense, sinon la dégradation du secteur civil peut annihiler les bénéfices militaires.
Surveiller l’évolution du secteur civil — Les leçons de Boeing et Raytheon montrent que même si les commandes militaires croissent, une crise dans le civil peut détruire la valeur. Il est crucial de suivre régulièrement la part non militaire dans le chiffre d’affaires.
Reconnaître la barrière concurrentielle — Favoriser les entreprises disposant de technologies uniques, d’une confiance durable du gouvernement, et d’avantages difficiles à reproduire.
Adopter une vision à long terme — Les clients principaux étant les gouvernements, la stabilité des relations est très forte, et le risque de faillite est très faible. La défense est donc une classe d’actifs idéale pour un investissement à long terme.
En prenant en compte la santé financière de l’entreprise, l’évolution du secteur, la géopolitique mondiale et la dynamique du marché civil, il est possible de faire des choix éclairés pour saisir cette opportunité d’investissement générationnelle dans la défense.