Ils disent toujours que les adultes sont insensibles, je n'ai jamais su comment répliquer. En effet, en grandissant, j'ai constaté que l'amour devenait particulièrement rare, je ne voulais plus mourir pour lui ni y croire aveuglément, même avoir un coup de cœur devenait une tâche difficile.

Hier soir, j'ai soudain compris que, en réalité, lorsque nous sommes jeunes, notre incompréhension et notre amour pour le monde ne peuvent s'exprimer que par l'amour. C'est pourquoi nous investissons toute notre foi dans une seule personne, en étant obsédés par la vie ou la mort, en étant déterminés à changer nous-mêmes et l'autre, avec sincérité, espérant que la pierre se fissure.

Mais après avoir vécu plus d'expériences, on apprend à puiser de la force dans différentes émotions, à voir le monde différemment.

Enfant, je pensais que je ne pouvais pas m'entendre avec les personnes du même sexe, puis j'ai progressivement compris que partager le destin et la responsabilité avec eux était une chose commune ; enfant, je ne comprenais pas mes proches, je voulais fuir ma ville natale, puis j'ai compris que leur affection ne pouvait être exprimée qu'à ce niveau, il ne fallait pas en demander plus ; enfant, personne ne voulait m'écouter, alors je cherchais obstinément un « cœur seul »... Plus tard, en grandissant, après avoir traversé les changements du temps, j'ai compris que la solitude est la norme, qu'il faut toujours écouter, parler de temps en temps, sans attendre de retour ou d'engagement.

Les personnes que tu aimes se sont multipliées, tu as même commencé à aimer les petits animaux, les fleurs, à souhaiter du bien à chaque étranger. Après avoir vécu toutes sortes de relations dans ce monde, l'émotion, qui ne pouvait être qu'une seule forme d'amour, a pris toutes sortes d'aspects.

Les adultes, ne sont plus totalement dévoués, mais ils ont de plus en plus de sentiments, ne jouent plus leur vie, car le monde est vaste. « Dans cette jeunesse effrénée, nous avons peu vu le monde, ne voulant voir qu’un seul visage »